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samedi 9 avril 2011

Un autre texte que je désire vous partager...


ON RÉCOLTE CE QUE L’ON SÈME



Dans vingt minutes, je dois me rendre à la clinique. Je me sens sereine par rapport à la décision prise il y a quatre jours, et ce, malgré l’immense tristesse que je ressens en moi. Des circonstances nous amènent à vivre des chagrins que nous savons nécessaires. Nous sommes le libre arbitre de nos choix qui précèdent les libérations.


Avant de partir, je brosse Charlot du mieux que je le peux, car il n’a jamais aimé cela. Je lui donne des gâteries en le faisant asseoir. Je prends sa balle verte et nous sortons dans la cour, après lui avoir mis sa laisse, par sécurité, pour qu’il puisse courir un peu avant de partir. J’effectue tous ces gestes pour la dernière fois avec lui, comme un robot programmé. J’étais seule à prendre cette décision et je la vivrai seule jusqu’au bout. C’est la fin pour Charlot, la fin de ma vie avec lui et la fin de la relation avec une personne qui a fait partie de notre vie. Charlot était notre chien. Depuis quelques semaines, Charlot est mon chien. Et bientôt, je le reconduis au paradis des chiens.


Dès son arrivée dans notre vie alors âgé de 2 ½ mois, Charlot était insécure, peureux et nerveux n’ayant pas été socialisé et stimulé depuis sa naissance. Notre surprotection n'a fait qu’envenimer la situation. Au fil des mois, il devenait très gardien, trop même. Je vivais une relation de couple tumultueuse à certains moments et Charlot absorbait les vibrations négatives. Il devenait de plus en plus agressif, mordant les gens qui m’approchaient ou qui s’aventuraient sur son territoire. La muselière était nécessaire très souvent pour me sécuriser et protéger mon entourage. Nous avons investi temps, argent et énergie (dressage), car nous étions à bout de ressources. Certains comportements ont été corrigés, mais pour ceux d’agressivité et de protection, pas vraiment de changement.


N’ayant pas été socialisé en bas âge, le dresseur nous donnait peu d’espoir. Souvent, je me retrouvais seule à gérer les situations, car la constance suite au dressage n’était pas respectée par mon conjoint comme il se devait. Quand tout allait bien, Charlot était "notre" chien. Dans le cas contraire, Charlot était "mon" chien. Charlot n’avait aucun répit, étant continuellement sur le qui-vive, à me protéger, à protéger son territoire et à sursauter aux moindres bruits à l’intérieur comme à l’extérieur. La situation devenait de plus en plus problématique. Souvent, les personnes se privaient de me rendre visite par peur de se faire agresser. Pour ma part, j’avais aussi cette peur, car Charlot était très imprévisible et sournois. Il devait être en laisse en tout temps et malgré ces précautions, il jappait de rage constamment dès qu’un étranger se présentait à lui. J’ai fourni énergie et argent pour améliorer sa qualité de vie et ma vie avec lui, mais en vain…


Nul besoin de vous dire que la vie avec Charlot était un stress énorme, malgré le fait que j’aimais mon chien. Lorsqu’il était seul avec moi et mon conjoint, c’était un bon compagnon, mais je m’apercevais qu’il m’isolait de mon entourage. D’ailleurs, suite à la décision de rompre avec mon conjoint, j’étais évidemment responsable de Charlot à 100 %. Quelques semaines ont suffi pour prendre conscience de toute la problématique que je vivais, étant maintenant vraiment seule à gérer ses comportements agressifs.


En cette période de deuil, j’avais besoin de mes amis et de ma famille autour de moi, mais avec Charlot, ce n’était pas possible. Lors d’une visite de ma sœur, celle-ci m’amena à réfléchir sur ma vie avec Charlot, du positif et du négatif. Oui, cette vie qui depuis quelques mois était faite de libérations difficiles, mais nécessaires. Je me devais de poursuivre en ce sens, tant qu’à être là, faisons les choses jusqu’au bout. Du courage j’en ai eu jusqu’à maintenant et en dedans de moi, je savais que je devais continuer, prendre une décision et que le courage serait là. De là, la décision difficile, mais inévitable, de faire euthanasier Charlot. Une fois la décision prise, j’ai vite pris rendez-vous à la clinique vétérinaire. Avec sa muselière pour me sécuriser et question de ne pas mettre personne en danger, je l’ai reconduit au paradis des chiens. Lors d’une conférence sur la vie après la mort, j’ai appris qu’il existe un endroit où s’élève l’esprit de nos animaux. C’est là que Charlot s’est rendu, dans mes bras jusqu’à son dernier respire. Charlot n’est plus dans une prison. Il est au paradis des chiens, libre, j’en suis certaine.


Ce chien a été dans ma vie pour plusieurs raisons. Il m’a appris la persévérance. Mais vient un temps où nous devons évaluer les situations qui nous perturbent et faire des choix. Je constate que Charlot était un danger pour les gens et que son agressivité était incontrôlable. Jamais je n’aurais voulu qu’il s’en prenne à un enfant et juste à y penser je me félicite d’avoir eu le courage d’avoir pris la décision. Même si mon ex-conjoint a prononcé le mot « vengeance » lorsque je lui ai dit que Charlot était maintenant heureux au paradis des chiens, je suis en paix avec mon geste. Je me retrouvais donc à vivre le deuil de ma séparation, mais également le départ de mon chien.


Beaucoup de force et de courage et surtout l’accompagnement de bonnes âmes sœurs ont été nécessaires pour vivre cette difficile étape de ma vie. Bien sûr, ces deuils étaient nécessaires pour en arriver à une harmonie avec moi-même, mais je vivais beaucoup d’émotions et de moments de découragement. Malgré tout, j’arrivais à fonctionner au quotidien pour garder un équilibre et performer au travail.


Afin d’alléger cette période, j’ai accueilli une petite chienne de six semaines, croisée labrador noire avec de beaux yeux plaignants. La chienne de ma fille avait eu une portée de chiots et la plus petite était pour moi. J’étais consciente de l’énergie que peuvent demander les débuts avec un jeune chiot, mais la vie m’a donné la force d’être encore debout à ce jour, elle me donnera cette énergie pour que tout se passe bien. Effectivement, avec Léonie, c’est tellement facile ! Mon père qui est aussi mon voisin peut maintenant profiter d’un animal. À titre de grand-père, il prend plaisir à s’amuser avec elle et est toujours prêt à la conduire chez le vétérinaire et à faire le gardien au besoin. Ce qui n’était pas le cas avec Charlot, bien au contraire. Oui, l’apprentissage se fait facilement avec Léonie. Tout le monde l’aime et elle aime tout le monde. C’est une chienne calme et docile. Je ressens son Essence et nous sommes sur la même fréquence. Souvent, je me dis que je récolte aujourd’hui avec Léonie ce que j’ai semé avec Charlot pendant des années. Et en étant moi-même plus calme suite aux libérations des derniers mois, cela se reflète autour de moi et dans ma vie avec elle.


Souvent, nous semons des graines ici et là par nos paroles, nos gestes, nos agissements et même par un regard ou un sourire. Parfois certaines graines germent rapidement, d’autres prennent du temps et quelques-unes peuvent germer à travers le roc par une petite brindille. Mais il y a toujours une récolte qui se produit un jour quelque part. Malheureusement, les semeurs n’ont pas toujours conscience du fruit de la récolte. Ou la récolte se fait souvent ailleurs, comme ici avec Charlot et Léonie. Sachez qu’il est très agréable pour le semeur d’entendre des mots de reconnaissance et de constater le bien qu’il a semé autour de lui. C’est un merveilleux plaisir de la vie, soit celui de récolter après avoir semé…


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